Le PDG d'Ubisoft convoqué devant un tribunal français pour un procès de harcèlement

Le PDG d’Ubisoft convoqué devant un tribunal français pour un procès de harcèlement

Le monde du gaming traverse une nouvelle tempête judiciaire qui secoue l’une de ses plus grandes maisons. Je t’avoue que quand j’ai vu passer cette info, ça m’a rappelé toutes ces histoires de cultures toxiques qui gangrènent certains studios. Cette fois, c’est carrément le big boss d’Ubisoft qui se retrouve dans le viseur de la justice française.

L’affaire remonte aux révélations de 2020, mais elle prend aujourd’hui une tournure encore plus sérieuse. Le syndicat Solidaires Informatique et quatre autres parties civiles ont déposé une assignation pour que Yves Guillemot se présente devant le tribunal de Bobigny le 1er octobre. Et franchement, quand je vois ce genre de démarches, je me dis que l’industrie du jeu vidéo a encore du chemin à faire pour nettoyer ses pratiques internes.

Trois cadres condamnés pour harcèlement au sein d’Ubisoft

Revenons sur les faits qui ont déclenché cette spirale judiciaire. En juin dernier, trois anciens dirigeants d’Ubisoft ont été reconnus coupables de harcèlement au travail. Serge Hascoët, l’ancien directeur créatif, Tommy François et Guillaume Patrux ont tous écopé d’amendes et de peines de prison avec sursis allant de douze mois à trois ans. Pas franchement le genre de nouvelles qui redorent le blason d’un éditeur déjà pas mal secoué ces dernières années.

Les accusations contre ces trois hommes ne sont pas tendres : inconduite sexuelle, intimidation systématique et même racisme. D’après les témoignages au tribunal et une enquête interne d’Ubisoft, les employés sous la direction d’Hascoët subissaient des insultes raciales et des blagues islamophobes. Le mec a pris 18 mois avec sursis et 40 000 euros d’amende pour harcèlement psychologique et complicité de harcèlement sexuel. Ça fait froid dans le dos quand on pense aux centaines de développeurs qui ont bossé sous ces conditions.

François, lui, s’est fait condamner pour inconduite sexuelle après avoir tenté d’embrasser de force une employée lors d’une soirée d’entreprise. Trois ans avec sursis et 30 000 euros d’amende. Quant à Patrux, bien que ses agissements soient qualifiés de « plus limités », leur intensité lui a valu douze mois avec sursis et 10 000 euros d’amende. Tous ces dirigeants ont démissionné ou été licenciés suite aux révélations de 2020.

La stratégie défensive d’Ubisoft face aux nouvelles accusations

Face à cette nouvelle convocation de son PDG, Ubisoft adopte une stratégie de communication plutôt rodée. L’entreprise confirme avoir reçu l’assignation tout en précisant que ce sont « les mêmes parties civiles » et que cette convocation se base sur « les mêmes faits » que ceux jugés en juin. Une manière assez habile de minimiser la portée de cette nouvelle procédure.

Le plus intéressant dans la réponse d’Ubisoft, c’est qu’ils mettent en avant le fait que le parquet avait décidé qu’il n’y avait « pas lieu d’engager de poursuites pénales » contre l’entreprise ou sa direction. Une décision confirmée lors des plaidoiries de juin. Cela dit, on parle ici d’une procédure civile, pas pénale, et la nuance est importante.

L’éditeur français promet de « continuer à coopérer avec le système judiciaire », comme il le fait depuis cinq ans selon ses dires. Cécile Russeil, vice-présidente exécutive, réaffirme que la protection absolue de l’intégrité physique et morale des employés reste la priorité, avec une politique de « tolérance zéro » concernant le harcèlement.

Accusé Ancien poste Condamnation Amende
Serge Hascoët Directeur créatif 18 mois avec sursis 40 000 €
Tommy François VP éditorial et créatif 3 ans avec sursis 30 000 €
Guillaume Patrux Directeur de jeu 12 mois avec sursis 10 000 €

L’impact sur l’industrie du gaming français

Cette affaire s’inscrit dans un contexte plus large de remise en question des pratiques managériales dans l’industrie du jeu vidéo. D’ailleurs, quand je vois des situations similaires chez d’autres éditeurs comme Square Enix avec le départ d’anciens producteurs qui dénoncent des méthodes de travail discutables, je me dis qu’on assiste peut-être à un tournant.

Les répercussions pour Ubisoft dépassent largement le cadre juridique. L’image de marque de l’entreprise, déjà écornée par plusieurs polémiques ces dernières années, prend encore un coup. Et dans un secteur où la créativité et l’innovation dépendent énormément du bien-être des équipes, ces révélations posent de vraies questions sur la capacité de l’éditeur à attirer et retenir les talents.

Le processus judiciaire qui se profile avec la convocation de Guillemot pourrait bien marquer une nouvelle étape dans cette saga. Reste à voir si cette démarche aboutira à des changements concrets dans les pratiques internes d’Ubisoft, ou si elle ne constituera qu’un épisode de plus dans une affaire qui traîne depuis maintenant cinq ans. Une chose est sûre : l’industrie du gaming français traverse une période de transition qui pourrait redéfinir ses standards éthiques pour les années à venir.

Romain