LaFA : TF1, M6 et France TV s'unissent pour concurrencer les géants du streaming

LaFA : TF1, M6 et France TV s’unissent pour concurrencer les géants du streaming

Le paysage audiovisuel français connaît une nouvelle révolution. TF1, M6 et France Télévisions s’unissent pour faire face à la concurrence féroce des géants du streaming. Cette alliance stratégique, baptisée LaFA (La Filière Audiovisuelle), vise à contrer l’influence grandissante des plateformes numériques, en particulier YouTube. Nous, chez Editions Oreilly, votre magazine Web, IA & Tech, vous proposons une analyse détaillée de cette initiative audacieuse.

La naissance de LaFA : une réponse à l’hégémonie du streaming

L’industrie audiovisuelle française est en pleine mutation. Face à la montée en puissance des plateformes de streaming, les acteurs traditionnels se voient contraints de réagir. C’est dans ce contexte que TF1, M6 et France Télévisions ont décidé de s’unir au sein de LaFA, une association loi 1901 créée le 14 novembre 2024.

Cette alliance n’est pas sans rappeler l’aventure Salto, la plateforme de streaming commune lancée par ces mêmes groupes en 2020. D’un autre côté, LaFA se distingue par son approche plus large et son statut associatif. Elle regroupe non seulement les trois grands groupes de télévision, mais aussi des organismes de gestion collective des droits tels que :

  • La Sacem
  • L’Adami
  • La SACD
  • La Scam

À la tête de cette nouvelle entité, nous retrouvons Rodolphe Belmer, PDG du groupe TF1, nommé président pour un mandat de deux ans. Il est épaulé par Delphine Ernotte, patronne du groupe public France Télévisions, qui occupe le poste de vice-présidente aux côtés de deux autres représentants issus du monde de la production et des auteurs.

YouTube dans le viseur : un concurrent aux règles différentes

Si LaFA cible l’ensemble du secteur du streaming légal, YouTube cristallise particulièrement les inquiétudes de la filière audiovisuelle française. La plateforme de Google, qui a connu une croissance fulgurante depuis sa création en 2005, représente aujourd’hui une menace sérieuse pour les chaînes de télévision traditionnelles.

Le principal grief formulé à l’encontre de YouTube concerne son statut particulier. En effet, contrairement aux chaînes de télévision classiques, la plateforme n’est pas soumise aux mêmes obligations en matière de création de contenu. Cette situation est jugée inéquitable par les acteurs de LaFA, qui estiment que YouTube bénéficie d’un avantage concurrentiel déloyal.

Voici un tableau comparatif des obligations entre chaînes de télévision et YouTube :

Critères Chaînes de télévision YouTube
Obligations de production Oui Non
Quotas de diffusion Oui Non
Régulation du CSA Oui Non
Liberté de programmation Limitée Totale

Face à cette situation, LaFA entend mener un lobbying intensif auprès des instances européennes. L’objectif est de sensibiliser les autres diffuseurs du continent à cette problématique et d’obtenir une harmonisation des règles du jeu. Toutefois, il est nécessaire de noter que YouTube, malgré ses similitudes apparentes avec une chaîne de télévision, reste fondamentalement différent dans son fonctionnement et son modèle économique.

LaFA : TF1, M6 et France TV s'unissent pour concurrencer les géants du streaming

Les ambitions de LaFA : au-delà de la lutte contre le streaming

Si la concurrence des plateformes de streaming est au cœur des préoccupations de LaFA, l’association ne limite pas son action à ce seul aspect. En effet, elle se positionne comme un défenseur des intérêts de l’ensemble de la filière audiovisuelle française. Parmi les autres objectifs poursuivis par LaFA, nous pouvons citer :

  1. Le financement pérenne de l’audiovisuel public
  2. Le développement des acteurs privés de la TNT en clair
  3. La garantie du budget et des missions du CNC (Centre National du Cinéma et de l’image animée)
  4. La préservation du régime des intermittents du spectacle
  5. Le maintien des crédits d’impôt pour le secteur

Ces différents points témoignent de l’ambition de LaFA de se positionner comme un acteur incontournable du paysage audiovisuel français. L’association entend ainsi peser dans les débats sur l’avenir du secteur, notamment en ce qui concerne la chronologie des médias, un sujet crucial pour l’industrie.

Nous, spécialistes des nouvelles technologies et de leurs impacts sur les médias, suivons de près ces évolutions. Il est vital de noter que cette initiative s’inscrit dans un contexte plus large de transformation du secteur audiovisuel. Par exemple, France Télévisions vise les droits TV de la Ligue 1, illustrant la volonté des acteurs traditionnels de se réinventer face aux nouveaux défis.

Vers un nouvel équilibre dans le paysage audiovisuel français ?

La création de LaFA marque indéniablement un tournant dans l’histoire de l’audiovisuel français. Cette alliance inédite entre des groupes habituellement concurrents témoigne de l’urgence ressentie face à la montée en puissance des plateformes de streaming. En revanche, de nombreuses questions restent en suspens quant à l’efficacité réelle de cette initiative.

L’un des principaux défis auxquels LaFA devra faire face est la recherche d’un équilibre entre protection des intérêts de ses membres et adaptation aux nouvelles attentes des consommateurs. En effet, le succès des plateformes de streaming s’explique en grande partie par leur capacité à proposer des contenus attractifs et accessibles à tout moment.

Par ailleurs, la dimension européenne de cette problématique ne doit pas être négligée. Si LaFA parvient à rallier d’autres acteurs du continent à sa cause, elle pourrait peser davantage dans les discussions avec les instances régulatrices de l’Union Européenne. Toutefois, la diversité des situations et des réglementations nationales pourrait compliquer cette tâche.

En tant que magazine spécialisé dans les nouvelles technologies, nous continuerons de suivre avec attention les développements de cette initiative. L’avenir nous dira si LaFA parviendra à rééquilibrer les forces en présence dans le paysage audiovisuel français, ou si elle ne constituera qu’une tentative de plus pour freiner l’inexorable montée en puissance du streaming.